Le nibbana (nibbāna en pali, nirvanna en sanskrit )

Le nibbāna

Pouvant signifier littéralement « sans effort de souffler », ce concept de nibbana (nibbāna en pali, nirvana en sankrit ) possède diverses étymologies, non forcément exclusives : « sans flèche qui transperce », « éloignement de l’esclavage du désir », « dénouement des liens », etc. Ce qui est plus généralement suggéré est l’image de l’extinction d’une flamme par épuisement du combustible, refroidissement de ce qui est chaud. D’où :

  • extinction des « feux » des trois « poisons de l’esprit »
  • cessation du mal-aise par cessation de la malveillance, de la convoitise et de l’illusion.

Le nibbāna représente la Paix ultime dont la saveur peut être expérimentée dans cette vie même, la libération de tous les états conditionnés, de tous les attachements. Il met fin à toute possibilité de production d’énergies susceptibles de manifester des êtres vivants, à quelque niveau d’évolution que ce soit.
Il fait partie de ces concepts qu’il est préférable de ne pas traduire plutôt que d’induire une quelconque connotation nihiliste ou éternaliste. Cette attitude est d’autant plus encouragée dans la pratique bouddhique que l’accent est mis plutôt sur les moyens d’accéder au but que sur la description et la tentative de définition du but.

Sa complexité est illustrée par la manière dont il est abordé dans les Écritures. On considère qu’il en existe deux sortes :

  1. savupādisesanibbāna (upādisesanibbāna), libération avec les « combustibles » de la vie qui demeurent. Caractéristique du nibbāna atteint par un « émancipé » (arahanta), en qui tous les liens (saṁyojana) sont éliminés, ou par un bouddha de son vivant
  2. anupādisesanibbāna, libération ultime sans aucun substrat de renaissance. Caractéristique du nibbāna expérimenté à la mort.

Le nibbāna possède de nombreuses caractéristiques :

atakkāvacara (au-delà de la pensée conceptuelle), abhūta (sans origine), acchariya ou abbhuta (merveilleux), ajāta (non né), akata (non créé), asaṅkhata (non conditionné), anakkhāta (ineffable), anattā (impersonnel), avacanīya ou avyākata (indescriptible), nippapañca (indifférencié), parama sukha (bien-être suprême), upasama (apaisement).

Dans les Écritures on lui trouve de nombreux synonymes ou quasi-synonymes :
vimokha (émancipation), amarāvatī (royaume non soumis à la mort), amata (non soumis à la déchéance), asammosa dhamma (état « sans erreur »), asaṅkhatadhātu (état non conditionné, non composé), paṇīta (transcendant), pāra (« l’autre rive »), attha (but suprême), kalyāṇa (beau, bienfaisant), nissaraṇanirodha (complète disparition des « souillures »), maggaphala (le fruit du Sentier), paramattha (le bien, l’idéal le plus élevé), santi (paix, tranquillité), siva (abri, félicité), tāṇa (sécurité, refuge), upadhiviveka (détachement de tous les substrats de l’existence), yogakkhema (libération des liens, sécurité).

copyright M. H. Dufour, Les éditions des Trois Monts

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